mardi 20 décembre 2011

La fureur comme jamais vous ne l'avez entendue II.



Sûr qu'à voir comme ça le visage poupin du bassiste et la calvitie précoce du chanteur on fait pas immédiatement le lien avec la fureur de vivre. Sûr aussi qu'il y a 1000 vidéos dont la qualité est meilleure mais voilà ce soir là j'y étais. Dans les premiers rangs même. Et non on ne me voit pas parce que je culmine à 1m55. Mais enfin tout ça pour dire que sur scène, leurs chansons prennent toute leur ampleur, à la maroquinerie ou sous la tente du NME, c'est toujours fantastique.



J'avoue, elle était facile. Mais quand même, l'EP de La Femme est une des meilleures choses de 2011.



En 2002 j'étais au collège, j'avais une vie plus que tranquille, je faisais du latin. Mais eux ils étaient là et en les écoutant on devenait tous autre chose, on devenait fou. Littéralement.



Se retrouver sous la tente du NME noyée dans une foule de kids qui hurlent à en mourir "kill people burn shit fuck school" c'est comprendre à quelle génération on appartient. Surtout quand quelques semaines avant, nos très sages cousins chrétiens du fin fond du minnesota faisaient la même chose. Tyler met tout le monde d'accord.



Ce type avait la grâce, vraiment, au delà de tout.



lundi 19 décembre 2011

Rude Girl.

Les punks n'était rien mais les punks voulaient être vus. C'était l'idée... La grandeur dans la nullité.
Mais lequel d'entre eux avait compris où tout ça les menait ? Certainement pas Ray Gange, l'épouvantable roady des Clash dans le film Rude Boy.
Ah Ray Gange ! 1m80 de mal entendu. Un mal traité, un mal traitant, un con qu'entend pas la guitare, qu'a pas le rythme, un suiveur invétéré, un qui voudrait bien, mais qui voudrait quoi ? Le grand escroqué de l'histoire du Rock'n Roll, l'idolâtre impénitent, la grenouille de bénitier, c'est Ray Gange qui l'a incarné mieux que personne.
Badia est pareille: une Rude Girl. La parfaite victime... L'oubliée du royaume, aujourd'hui, demain, après-demain...  Celle que tout méprise à commencer par ce qu'elle vénère. Elle aussi, elle aimerait gagner ! Mais son horizon est trop court. Son angle de vision trop étroit. Elle a pas les moyens, elle a pas le talent. Elle a la rage oui ! Mais ça suffit pas. Badia c'est Job sur son tas de fumier !
Ray et Badia vont d'un point A vers un point A. En hurlant : JE SUIS LA ! Chez les punks, c'est une danse qu'on appelle le pogo. Aller nulle part en mettant des coups en l'air. Ray et Badia pogotent dans une nuit épaisse et sans fin.  Il n'y a rien à espérer d'un pogo.
Sinon le geste invraisemblable, le coup de trop qui déclenche la bagarre générale. Encore que... Sinon le geste invraisemblable, le coup de trop qui déclenche la bagarre générale.

Emmanuel Barrault. 


 Portée par Badia, c’est bien la dernière figure punk que met en scène Sur la planche de Leïla Kilani. La dernière non pas comme avatar d’une évolution plutôt sagement répertoriée du genre (musique, mode, affiliations culturelles, credos politiques) mais la dernière en ce qu’elle renoue avec la force irruptive d’un bloc de résistance qui explose et s’expose sans préalables. La chose avant la pensée de la chose, ou plutôt la chose et sa pensée dans la même émergence. Comme si le corps lui même, avant le travail de l’analyse, signifiait l’incessible révolte.
La manière punk est celle d’un bloc. Urgence, singularité.
Parmi les modalités de résistance aux modèles dominants, le refus de la soumissions à l’ordre établi se met ici en place d’emblée, intégrant dans le même mouvement la conscience de l’inique et les stratégies de la rupture. Cela m’évoque les calculateurs prodiges qui, dans l’instant du problème soumis, en livrent la réponse, fort d’une capacité mentale de visualisation des données aussi étrangère au mode de calcul arithmétique en usage que l’est la géométrie riemanienne à la géométrie euclidienne.
Badia est de ce bois là, celui dont sont faites les racines.
Parole psychotique, parole de Pythie.
Badia, le corps déchiré par le morcellement du travail puant à la chaîne, en but à l’injonction de normes socioculturelles indigentes (pas plus orientales qu’ailleurs), laminée par l’intrusion des diktats économiques dans l’organisation de sa vie (et du territoire), se bricole une intégrité singulière, une colonne vertébrale/armure (l’intérieur et l’extérieur confondus) comme seul viatique pensable, condition de son existence et de sa défense, tant chez Badia l’une et l’autre sont consubstantiellement liées.
S’il y a énigme, ce n’est pas dans l’interprétation de la vision - à moins d’être sourd et aveugle -, mais dans la capacité à voir plus loin, plus vite.
Comme seule la poésie en a le privilège.

Cati Couteau. 

samedi 17 décembre 2011

GUEST : SARAH BETIOUI.



Sara a débarqué avec sa cousine pour passer le casting : une brune et une blonde. Chaperonnée par sa mère
La fausse blonde vénitienne, surstylisée, poupée de porcelaine, reptilienne : sa silhouette popart, modern, antonienne nipée rock 2010, avec une robe UNIQUE, elle s’est à peine présentée.
 « Je me suis dit : trop bourge, trop… contemporaine, trop étherée… Trop. Mais j’étais Scotchée . Parfaite pour mon prochain film de névrosés bourgeois. »

Elle a refusé d’exécuter la rubrique « danse » du casting. Elle est restée plantée au milieu du bureau, figée, candide et vénéneuse, timide, hautaine, éléctrique et délicate, arrogante, fuyante, . Elle a envahi l’espace. J’ai pas eu besoin de regarder Eric.
Au bout de 10 minutes, parfaitement immobile ; elle a dit «  c’est pas pour moi.  » 
Je lui ai dit : j’adore ta robe. Elle m’a dit sans se retourner: «  c’est moi qui l’ai dessinée »
Eric m’a dit : «  Elle déchire à l’image. Je lui ai dit : «  oui mais si elle a pas envie…on va pas se prendre la tête ».
Une semaine plus tard, sa mère a appelé Dania mon assistante pour  lui demander si c’était possible de lui redonner une chance, qu’elle avait été terrassée par le trac mais qu’elle voulait passer ce casting.
Elle a redébarqué avec sa cousine. Elle était brune avec une frange. On a pris le temps : je lui ai parlé  longtemps ; elle a maitrisé son trac. Alors que je voyais des 10 aines de filles, avec  le même dispositif présentation&impro&danse : l’humiliation ; le mensonge. L’immense majorité en faisait des caisses pendant l’impro.
Sara  était tout en retenue. Très… Très froide.  
J’ai coché. 


Leila Kilani, Réalisatrice. 


Socco Chica : In your facebook status, as a young tangerian, the word that comes back very often is "bored" (i didn't know of course but leila told me ) : can you tell us more about boredom when you are 20 years old in Tanger ?

Sarah Betioui : Well as a tangerian girl the boredom for me was like a usual feeling, serieusly, 20 years old, no friends, nobody care about what you doing or thinking, even if you tried to impress some people they look at u as a insane person with no respect, no matter what how u feel it’s was hurting and annoying most of time especially my familly they don’t understand at all .i’m a lonely girl my parent are divorced so u can see what i’ve been throug, i have no brothers or sisters so it’s was difficult to not feel bored.

S. C. : do you think that if you moved out somewhere else your boredom would stay here, in Tanger ?
S. B. : Maybe who knows ?? but i think the boredom will not go for good it’s a normal feeling stay with us wherever we go it’s not a thing to run off. The only way to keep it away it’s to make some change in our lifes by doing what we love most.

S. C. : Provided that you are a budding actress and stylist, were you driven by boredom when you went to the casting during summer 2010?
S. B. : Hahah i wasn’t bored at all that time i was just supporting a familly member who bring the idea of going to a casting and try something new even just for fun, but what happend it’s a little bit surprised because i never did something like this before and i had almost a hard attack cuz i was shy and afraid a little bit and i wish to not be choosing till they say u just need to take control of ur stress and everything will be fine so i guess it’s my destiny to be part of that movie.

S. C. : did you have time to be bored during the shooting of the film ? 
S. B. : I don’t think so, sometimes was a little bit difficult not boring because we had a looooot of fun and great moment to remember...

S. C. : do you think your character, a young textile worker, has time to be bored?
S. B. :  As my character, she felt bored and sick of the whole situation that’s why u can see her boredom in the way she choose to live.  

S. C. : in a word, there's not a single teenager like the other, but what we all share the best would be a jaded sense of monotony ?
S. B. : No, the best would be the hope for perfection.

S. C. : does lassitude make you go on further ?
S. B. : Of corse, it’s make me wishing to prove the strength of my will to became the person that i always wanted to be

vendredi 16 décembre 2011

L'ennui international.


Je sais que des gens s’embêtent. Dans la vie, comme ça, ils jouent au Solitaire, ils se tournent les pouces, tapotent sur la table et mine de rien ça leur convient. Ils s’y complaisent dans leur petit ennui douillet.
Moi pas.
Je n’ai peut-être jamais vraiment eu le temps de m'emmerder mais je suis certaine d’avoir toujours pressenti que c’était pire que la peste et que j’étais cernée. Ça rodait là, au coin de la rue, prêt à fondre sur moi au moment même où je baisserai la garde.
Alors pour être sûre d’en sortir vivante j’ai d’abord appris la contemplation. Le plafond se révèle d’une profondeur insoupçonnée, cette feuille est fascinante, je peux regarder trois Tarkovski d’affilée sans ciller, lire des heures et des heures, me concentrer sur tout et n’importe quoi, observer à l’infini.
Mais à un moment ça ne suffit plus. On s’est trop dit que la vraie vie était ailleurs, plus tard, qu’il fallait être patient, rester bien sage à attendre que ça arrive. En gros on a rien compris.
Puis d’un coup d’un seul la peur du vide, du rien, de l'ennui dans tout ce qu'il a de plus atroce nous prend aux tripes et nous propulse tout droit dans la plus totale exaltation. On devient aussi nerveux que la guitare des Stooges dans "No Fun".  Clairement, on a gagné la partie. Parce que oui, mieux vaut ça que de s’atrophier lentement dans des illusions de merde sur un futur hypothétique qui n’arrivera jamais.
C’est précisément  pour ça que comprendre Badia est à la portée de tous, même des mieux lotis. Parce que s’ils n’ont jamais été dans la nécessité matérielle de s’en sortir, d’avoir la rage, ils l’ont peut-être été moralement. L’ennui reste encore ce qu’il y a de plus démocratique. Tout le monde aura sa part.

Socco Chica. 

jeudi 15 décembre 2011

GUEST : WILKIMIX.


Il nous a donné une playlist pleine de fureur mais n'a pas oublié non plus de nous parler de Sur La Planche.

mercredi 14 décembre 2011

La fureur comme jamais vous ne l'avez entendue.

Wilkimix qui s'est occupé de la bande son du Film sur La Planche nous livre gentiment une playlist "Fureur de Vivre"



 J'aurais bien pris toutes les musiques du bresil mais il faut choisir, la musique populaire c'est la culture du bresil, ce morceau experimental, arrangements irresistibles et intelligents avant garde furieusement vivante dans les memoires collectives !

   
Fureur de vivre pour ces 3 soeurs d'un bien bel age, leurs chants est envoutant et universel, elles viennent du finistere, le chant de la Bretagne

   
du vrai pur punk au roxy a londres en 77 une meuf incroyable qui chante la fureur de vivre ! un saxo pour accompagner tout ça la classe !

   
Punk de la même époque plus surréaliste et sortant des perles pop comme celle ci, fan effréné.

  
Guitare speed voix grave et sombre beat lourd, synthé et rythmes indus, les gothics et dark waves en action, fureur de vivre pure 80's !



 
obsedant et dirty, pure house tek psyché des années 90 j'adore c'est australien ça dechire et c'est pour moi la fureur de vivre RAVE !


 
Fureur de vivre adolescente, carton aux trans cette année, c'est comme une blague, des kids qui joue du gros son indus a la kmfdm ou ministry !

 
du foutraque bourré à la mexicaine, drole et baroque, du grand n'importe quoi caliente et cumbia electro style merci dellarge !


 
  Von Spar - trOOps (Prince Language Pleasure Dub 7inch Mix)

super groupe allemand, magnifique morceau de pop extatique le remix atteind des sommets !!! disco synthé uplifted fureur de vivre !


Et en BONUS unn petit mix dubstep trippin ' tribe et house.

La Fureur de Vivre.


La fureur de vivre en 2011 a un prénom, elle s’appelle Badia. 
Badia, ça aurait pu être moi mais ça s’est passé autrement. Je n’ai jamais épluché plus de crevettes qu’il n’y en avait à manger sur la table, j’ai un joli appartement, mes parents m’achètent tout ce que je veux.
Très bien. Tout ça n’a aucune putain d’importance. C’est pas une question d’argent, ça le sera jamais. L’important, c’est qu’aussi bien elle que moi, on a envie de partir. Partir c’est avancer, se jeter la tête la première sans un seul regard sur le bas coté, aller tout droit, toute seule, quitte à finir par tourner en rond mais tant pis parce qu’au moins on bouge.
«Bouge ! Ratons pas le coche ou on va finir noyées, électrocutées, bouffées par les poissons. Bouge !»
La fureur elle commence là : dès qu’on est seule en tête de file, dès qu’on accepte de tuer mentalement les 7 milliards d’individus restants parce qu’on ne peut avoir confiance en personne. Même ceux qui ont l’air de pouvoir nous suivre finissent par nous lâcher. Il va falloir se faire à l’idée, on est le maëlstrom du monde ou rien, tout irradier sur son passage ou crever sur place la bouche ouverte.
Et pour pas perdre l’équilibre, pour continuer coute que coute, oui on se ment, oui on triche avec nous même autant qu’avec les autres, mais il n’y a que ça à faire. Alors on en devient mystique à psalmodier nos formules magiques jusqu’à l’épuisement. Et les autres ricanent, se moquent, mais c’est parce que les mous, ceux qui traînent derrière, ne comprennent que l’ironie alors que chez Badia il n’y en a pas la moindre petite trace. Tout est vital ou mortel. Si vous pouvez encore comprendre ça vous êtes sauvés. Pour les autres je m’étrangle en silence parce qu’ils sont certainement perdus quelque part, tranquillement coincés entre canapé et lit. Et c’est pas l’envie qui me manque de leur cracher à la gueule, de leur vomir sur les chaussures, de les frapper, de les secouer comme autant de pommiers pourris qu’ils sont, mais ça ferait double peine : les types sont déjà morts. Eux pour le coup ils l’ont raté, le coche.
Puis ces gens là, ces vieux cons de naissance, quand ils iront voir Sur La Planche bien sûr ils ne comprendront rien... C‘est pas dans leurs cordes, ça l’a jamais été.
Ceux là donc, on les laissera de coté sans chercher à leur rentrer 139 crevettes par les narines.
Quoiqu’il en soit une chose est sûre, si «Sur la Planche» avait été «Sur la Route», Badia se serait appelée Dean Moriarty. Mais chacun son tour et si quelqu’un aujourd’hui doit être le symbole de tous les déments de la terre, c’est elle.

Socco Chica.

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